Chiho Aoshima
Clément Romier | On Google + | Art - Lien permanent
Entre Kawaii et morbide, l’artiste japonaise Chiho Aoshima livre une peinture à la croisée de multiples chemins, jouant de références tout en restant très accessible au grand public.
Née en 1974 à Tokyo, Chiho Aoshima s’oriente tout d’abord vers des études d’économie dont elle sort diplômée en 1995, avant de se lancer dans une carrière artistique. Aidée par son aîné Takashi Murakami, lui-même déjà reconnu depuis plusieurs années, elle adopte un style emprunt de culture pop japonaise, remplit de personnages kawaii et de couleurs vives, tout en trouvant une singularité à la fois dans ses sujets et sa technique de peinture vectorielle.
Abordant des thématiques relativement classiques dans la culture japonaise telle que la nature (souvent représentée personnifiée) ou encore l’univers urbain, qu’elle peint dans un style presque naïf, l’artiste n’hésite pourtant pas à surprendre le spectateur en jouant sur des sujets qui n’ont rien d’enfantins, tels que la mort ou la sexualité (associées à la pratique du "shibari" ou bondage). Ces deux thèmes sont presque récurrents dans son travail, et ce d’une manière très particulière.
La mort, ou plutôt la destruction, est montrée le plus souvent soit sous la forme de crânes, de squelettes, ou encore à travers des scènes apocalyptiques où des démons incendient la terre. Pour un spectateur européen, les scènes apocalyptiques ( par leur multitude de détails et la manière de traiter d’un sujet grave de façon légèrement humoristique ) pourraient faire penser à certaines oeuvres de Jérôme Bosch, alors que les représentations de crânes rappelleraient les vanités de la renaissance.
Détail de L’Enfer (volet de droite du triptyque du Jardin des Délices) par Jérôme Bosch
Vanité par Philippe de Champaigne
Cependant, un spectateur japonais y reconnaît sûrement plutôt l’influence de certaines estampes traditionnelles, comme celles ci-dessous réalisées par Utagawa Kuniyoshi. Toute comme l’approche de la sexualité par le bondage reste un point de vue que l’on retrouve dans l’art japonais comme dans l’oeuvre du célèbre photographe Nobuyoshi Araki.
le site officiel de Chiho Aoshima
Sa page sur le site de la Galerie Emmanuel Perrotin